En réalité, la réponse va dépendre de nombreux paramètres mais si l'on considère une activité située en France en 2024, le constat risque d'être rude.

Etant donné que la très grande majorité des panneaux solaires proviennent de Chine, une installation équipée de ces panneaux ne vous permettrait pas de réduire votre impact carbone.

En effet, le facteur d'émission de l'électricité produite avec des panneaux photovoltaïques fabriqués en Chine est de 0.0439 KgCO2e/KWh contre 0.0338 kgCO2e/KWh (2022) pour le réseau électrique français (base Empreinte de l'ADEME). A première vue, ce serait même contreproductif .

En revanche, pour des panneaux produits en France, le facteur d'émission est de 0.0252 KgCO2e/KWh donc apportant un léger bénéfice à l'impact carbone.

Il est aussi à souligner que l'intensité carbone de l'électricité en France est particulièrement basse. Celle-ci est entre 4 à 20 fois plus élevée dans d'autres pays européens (X4 en Belgique, X20 en Pologne). C'est pourquoi dans les autres pays européens le gain carbone est évident.

Alors faut-il continuer à installer des panneaux solaires en France?

Pour arriver à décarboner nos activités, nous allons devoir les électrifier massivement nos usages. Selon le scénario de décarbonation accélérée de RTE (scénario A), la consommation annuelle d’électricité pourrait passer de 460 TWh actuellement à environ 580-640 TWh en 2030.

Afin d'être en mesure de fournir cette énergie électrique supplémentaire et maintenir une intensité carbone faible de l'électron, la seule solution à cette échelle de temps est de développer le solaire et l'éolien, et éviter d'avoir recours à des centrales thermiques. En dehors du débat sur l'intérêt et des impacts du nucléaire, l'installation de nouvelles centrales de ce type serait finalisée à une échéance trop tardive pour respecter nos engagements climatiques.

De plus le surplus énergétique produit actuellement peut contribuer à décarboner les mix électriques de nos voisins avec qui nous sommes interconnectés et qui ont comme évoqués un peu plus haut, une intensité carbone plus élevée.

Un autre aspect à évoquer est l'indépendance énergétique que peut procurer une telle installation avec une relocalisation de la production électrique et l'obtention d'une certaine autonomie et résilience.

Enfin, le dernier point à retenir et qui sort du champ de la question posée, c'est l'équation économique car on a fort à parier que le prix de l'énergie électrique risque d'avoir tendance à augmenter. Le R.O.I. d'une telle installation qui se situe généralement autour de 10 ans risque de diminuer avec les tensions actuelles et à venir autour de l'énergie.

Pedro Hernandez

#decarbonation #energiesolaire #ENR